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Concert de Noël 2017


CONCERT DE NOEL AUX CHANDELLES
CHAPELLE DU CHATEAU DE BEAUGENCY – PIANO A QUATRE MAINS
William Bensimhon & Jerome Bloch
JEUDI 21 DECEMBRE 2017
A partir de 19h30


Le piano à quatre mains : « manger ensemble dans la même assiette »
A propos du concert de Noël du jeudi 21 décembre 2017 au Château de Beaugency

Selon Daniel Barenboim, jouer du piano à quatre mains, « c’est comme manger à deux dans la même assiette » !

Chorégraphie des placements entre « primo » et « secondo », croisement et répartition des mains et … des pieds pour la pédale ! (en général c’est le secondo qui utilise pédale forte et pédale douce ou «una corda »)… les spécificités du « quatre mains » participe d’une technique à part entière, en termes d’équilibre des voix démultipliées (vingt doigts au lieu de dix), des timbres qui changent forcément avec les harmoniques et résonances qui diffèrent et fluctuent dans le temps à l’intérieur même du piano.

Cette formation sans équivalent pour tout autre instrument (à part le clavecin et l’orgue) nécessite un long travail préparatoire, partition en mains, pour un accord voire parfois un compromis sur les nuances, les tempi, la répartition des voix multiples pour vingt doigts.

La transcription donne accès à un répertoire illimité puisque quatre mains peuvent restituer jusqu’à vingt voix dévolues à l’origine à l’orchestre ou au répertoire de musique de chambre. Au XVIIIème et surtout au XIXème siècle, les cahiers de transcription firent fureur dans les salons, en attendant l’enregistrement né au XXème. C’était souvent le seul moyen d’entendre le répertoire (symphonies, musique de chambre, opéras) en province, et un vecteur important de culture générale pour l’élève et l’amateur. Les fameux cahiers de chez « Peters » font partie des incontournables de nombreux pianistes, débutants ou non, amateurs ou professionnels.

Le répertoire spécifique pour quatre mains constitue un corpus d’une grande richesse, très prisé de Mozart, Haydn ou Beethoven, mais aussi de Schubert (avec un répertoire considérable), Schumann et surtout Brahms. Chopin fut plus rare dans ce registre.

Certaines œuvres plus connues sous forme symphonique furent de fait écrites originalement pour piano (la transcription par les compositeurs eux-mêmes eut lieu cette fois du piano vers l’orchestre, après le succès de l’oeuvre originale) : Les Jeux d’Enfants de Bizet, Les Danses Hongroises de Brahms, les Danses slaves de Dvorak, La Petite Suite de Debussy, Ma Mère l’Oye de Ravel, Les Reflets d’Allemagne de Schmitt, ou Le Boeuf sur le Toit de Milhaud qu’on entendra le 21 décembre. D’autres se chargent ultérieurement de la transcription pour orchestre. Liszt le fit pour le Divertissement à la Hongroise de Schubert, également au programme du concert de Noël à Beaugency.

Inversement, il est fréquent que des succès à l’orchestre soient aussi transcrits, par les compositeurs le plus souvent, pour piano quatre mains : les Nocturnes de Debussy ou encore le Boléro de Ravel (il en écrivit aussi une version pour deux pianos).

Des duos se sont spécialisés dans ce répertoire (Argerich/Freire, Barenboim/Argerich, Barenboim/Lang Lang, Barenboim/Lupu, Ivaldi/Lee, Ivaldi/Pennetier, Février/Tacchino, duo Crommelinck, les sœurs Labèque… entre autres). Des alliances plus ponctuelles peuvent voir le jour, à partir d’une rencontre musicale et d’une entente (nécessaire) sur l’interprétation, les affinités et la culture musicales, les références, par-delà les écoles de piano… et bien sûr l’amitié !

C’est le cas en ce qui concerne le concert du 21 décembre. William Bensimhon et Jérôme Bloch proposent un programme festif qu’ils jouent ici ensemble pour la première fois, autour du thème du voyage. Cette traversée de l’Ancien au Nouveau Monde se fera à travers des musiques réinterprétées, souvent en décalage, parfois avec humour et dérision, faisant référence à d’autres cultures musicales que celles des compositeurs eux-mêmes : Autriche/Hongrie et univers tzigane pour Schubert, France/Allemagne pour Fauré-Messager, ou encore France/Brésil pour Milhaud.


Audrey Dureysses – Historienne de la musique – Novembre 2017